Rapport 2015 du COR : une nouvelle exploration de notre futur
Le rapport 2015 du Conseil d'Orientation des Retraites (COR)
Une nouvelle exploration de notre futur
Le retour à l'équilibre financier de notre système de retraite s'éloigne.
En décembre 2014, le COR formulait une analyse plutôt optimiste de l'évolution de la situation financière des retraites qui postulait que l'on pouvait escompter un retour à l'équilibre: "le système de retraite pourrait, en cas de croissance suffisante des revenus d'activité, revenir à l'équilibre dans la deuxième partie des années 2020, voire dégager des excédents importants à plus long terme ".
Ces perspectives reposaient, il est vrai, sur des hypothèses de croissance et de taux d'emploi particulièrement favorables. Mais de plus le COR estimait que les perspectives du système de retraite étaient meilleures que celles qu'il avait établies en 2012.
Aujourd'hui le rapport annuel que le COR vient de publier sur les évolutions et les perspectives des retraites en France n'est plus très rassurant.
Ce rapport est un document préparatoire à l'avis que doit rendre chaque année le comité de suivi des retraites sur la soutenabilité de notre système des retraites.
Le COR, comme à l'accoutumée, déroule ses perspectives sur la base de scénarios qui reposent sur des hypothèses différentes de taux de croissance et de taux de chômage.
Dans le scénario central, parmi les 5 retenus, le COR prévoit un déficit chronique annuel d'environ 8 milliards d'euros ( 0,4% du PIB) pour l'ensemble des régimes de retraites jusqu'en 2020 et un retour à l'équilibre au début des années 2030..... et encore à condition que les revenus d'activité croissent de 1,5% par an et que le taux de chômage retombe à 4,5% !
Avec un taux de chômage de 7% à moyen terme et des revenus d'activité de 1,3%, le besoin de financement serait encore de 0,5% du PIB en 2030, soit un déficit de 10 milliards.
Le scénario le plus pessimiste (croissance de 1% et taux de chômage de 10%) est évidemment le plus préoccupant: le déficit annuel continuerait de se creuser jusqu'à dépasser 1,5% du PIB, soit de l'ordre de 20 milliards.
Ces perspectives doivent être aussi appréciées à l'aune de considérations complémentaires:
- .d'une part, il faudra de nombreuses années d'excédents pour résorber les années de déficits accumulés;
- .d'autre part, les projections concernent l'ensemble du système des retraites et un retour éventuel à l'équilibre ne signifie pas une situation semblable pour toutes les composantes du système.
La détérioration, à terme, du niveau de vie des retraités par rapport aux actifs.
Le rapport fournit également des informations sur l'évolution à moyen et long terme, des pensions comparativement aux revenus des actifs.
Si par le passé et jusqu'à une période récente, le niveau de vie des retraités a connu une amélioration, pour l'avenir, la tendance est à l'inversion de la courbe.
Selon le COR, le niveau de vie moyen des retraités qui équivalait à 103% de celui des actifs en 2012, se situerait en 2040 entre 81 et 94%.
Cette dégradation relative proviendrait de la baisse de la pension nette moyenne, composante essentielle du niveau de vie. Du fait de l'indexation des pensions sur l'inflation (si c'est encore le cas demain !), les retraites progresseront moins vite que les salaires. En 2013, les pensions atteignaient 65,5% des revenus nets d'activité. Ce ratio passerait sous la barre des 60% autour de 2025, dans le scénario médian du COR.
Par ailleurs le rapport analyse la trajectoire des jeunes et des femmes au regard des retraites:
- .d'une part, par rapport aux générations partant actuellement à la retraite, les générations plus jeunes auraient un montant moyen de pension plus faible relativement au revenu d'activité moyen;
- .d'autre part l'écart de montant moyen de pension entre les femmes et les hommes se réduirait progressivement, de 25% actuellement à 15%......à l'horizon de 2060 !
Ce rapport comme beaucoup d'autres n'a pas manqué de susciter, de la part des analystes, des critiques et interrogations. En l'espace de 6 mois, le COR a modifié sa vision et son "timing" quant aux perspectives de retour à l'équilibre de notre système de retraite. De plus ces perspectives ont été établies sans considération des négociations en cours dans les régimes complémentaires Agirc-Arrco.
Plus globalement, il apparaît que la dernière réforme des retraites, pourtant intitulée "loi garantissant l'avenir et la justice du système de retraites" n'atteindra pas son objectif. Un constat de plus qui justifie, s'il en était besoin, qu'une réforme de fond devra passer par la mise en place de la retraite universelle que préconise, avec d'autres, la Confédération Française des Retraités (CFR).