L’accès à une pension de retraite fait partie, avec l’accès aux soins et le développement d’une politique familiale active, de la protection sociale mise en place au lendemain de la 2ème guerre mondiale. Les valeurs de solidarité et d’équité, à la base de cette construction, ont permis une espérance de vie élevée, une protection de la santé enviée et une démographie dynamique.Ces bons résultats ont pour conséquence une augmentation des coûts de la protection sociale.
En effet la pension de retraite est versée plus longtemps et la demande de soins de santé est plus importante. Par exemple en 20 ans l’espérance de vie à 65 ans a progressé pour les hommes en passant de 16,4 ans à 19,4 ans. En conséquence le temps passé en retraite atteint, en moyenne, plus de 20 ans soit l’équivalent de la moitié de la durée d’une carrière. Jamais les concepteurs initiaux du régime des retraites n’auraient pu prévoir un tel résultat. Aujourd’hui le nombre de retraités dépasse le chiffre de 16 millions de personnes et le nombre de cotisants va évoluer de 1,7 pour 1 retraité actuellement à 1,5 puis à 1,3 dans les prochaines années. Cette situation peut inquiéter les actifs qui s’interrogent sur la capacité du modèle actuel à financer leurs prochaines retraites. Ils s’interrogent d’autant plus que la multiplicité des règles et des régimes crée de l’opacité et nourrit un sentiment d’iniquité.
C’est dans ce contexte qu’intervient le projet de réforme des retraites. Une exigence, en rapport avec les valeurs socles de notre protection sociale, s’impose : Il faut créer un régime universel. Il n’est plus possible d’admettre que des personnes faisant un même métier, avec les mêmes contraintes se voient appliquer des règles de détermination de leur droit à retraite différentes du seul fait du statut de l’employeur. On peut ainsi comparer le conducteur de bus de la RATP avec celui d’une ville ayant délégué cette activité à un employeur privé ou l’infirmière en hôpital public avec sa collègue en hôpital privé…..Cette nécessité de créer un régime universel s’impose comme la première pierre indispensable à la construction d’une vraie réforme.
Demain, dans ce nouveau contexte où chacun sera traité de la même façon, le pilotage du régime permettra clairement de débattre avec l’ensemble des parties prenantes. Les actifs qui financent les droits contributifs, l’Etat qui assume ce qui est attribué au titre de la solidarité, les bénéficiaires titulaires d’une pension de retraite et les représentants des futurs retraités pour statuer sur les modalités du passage d’un monde à l’autre. Tout ceci dans le souci de, publiquement, créer les conditions d’une gestion équitable du régime des retraites
La réforme des retraites telle que proposée par le Haut-Commissaire à la Réforme des Retraites s’inscrit dans cette perspective. Elle aborde de nombreux aspects parfois complexes mais indispensables à la bonne gestion d’un régime de retraite.
Il faut maintenant espérer que les avis que donneront les uns et les autres s’appuieront sur la réalité du texte proposé plutôt que sur des postures partisanes. Les enjeux pour notre société sont majeurs, son harmonie en dépend.
Yves HUMEZ |