Après un deuil, se reconstruire
Après un deuil, se reconstruire
Témoignage de Sylvie, suite à un stage organisé par AGRICA![](/sites/default/files/resize/upload/og/2011/photos/pissenlit_en_fleurs-250x250.jpg)
En toute simplicité, je suis accueilli chez Sylvie qui a perdu son mari suite à une longue maladie et qui, malgré son dynamisme et sa volonté, a vécu une période de deuil particulièrement difficile.
Sylvie a accepté de témoigner en répondant positivement à notre proposition de retranscrire son témoignage de participation à un stage organisé par AGRICA, stage qui peut s'adresser aux adhérents d’INITIATIV’Retraite.
Les seules restrictions demandées par Sylvie sont de ne pas utiliser son vrai prénom et de ne pas prendre de photo.
La fin de vie de son conjoint lourde en émotions
Si Sylvie n’a jamais baissé les bras, elle reconnaît que les années passées ont été éprouvantes pour elle et ses enfants.
Et en même temps, elle a tout fait pour que son mari souffre le moins possible. « Tout était organisé autour de lui et pour lui. Lui éviter la souffrance, lui permettre de vivre malgré son handicap, l’encourager à vivre, à profiter de ses petits-enfants. Pendant 4 années, je ne sais pas comment j’ai . . . comment je me suis efforcée de vivre a priori normalement, je suis restée cachée auprès de lui. Malgré tout, j’ai été heureuse de tout ce que j’ai pu faire pour lui".
Difficile de perdre celui qu’on aime
Malgré le nombre d’années passées tous les deux à combattre la maladie, malgré cette fin de vie qui allait arriver et à laquelle j’aurais dû me préparer, ce fut tout l’inverse qui est arrivé. Je n’ai pas supporté son départ et me suis comportée comme une personne qu’on abandonnait. Même avec l’accompagnement exceptionnel de mes filles, je n’arrivais pas à reprendre une vie normale. Il est parti, il y a 4 ans et pour moi, il est toujours à mes côtés. Je ne voulais pas rencontrer les autres, même pas mes voisins pour qui j’avais pourtant de l’amitié. Depuis le début de la maladie de mon mari, les amis hésitaient à nous rendre visite. celles-ci s’espaçant au fil du temps. Il m'aura fallu presque 2 années pour qu’enfin, j’accepte la proposition d’une de mes petites-filles, de faire, avec elle, un voyage au bord de la mer, que j’aime tant . . . première escapade en bord de mer !
Ce stage m’a ouvert les yeux
Suite à une demande à AGRICA pour trouver une personne pouvant passer quelques heures dans mon jardin, j’ai appris qu’il existait un stage pour les personnes n’arrivant pas à se reconstruire suite à un deuil. Les règles veulent qu’il faut attendre presqu'un an (parfois plus !) pour pouvoir s’inscrire à cette formation qui était organisée, elle aussi, en bord de mer.
L’angoisse à l’arrivée dans le centre a été un moment difficile. Comment vais-je présenter ma situation ? Les autres vont-ils me prendre pour une folle ?
Etant l'une des premières arrivées, j’ai rencontré une stagiaire à qui j’ai proposé de marcher sur la plage en attendant l'arrivée des autres et le repas du soir. Cela m’a beaucoup aidée car rapidement, je me suis aperçue que d'autres vivaient cette même situation.
La force du groupe
Le premier soir, nous étions 11 à table et progressivement avons fait connaissance. Tous les visages sont fermés. Petit à petit, une conversation s’organise pour se présenter. Présenter, oui, mais uniquement sur notre région, nos activités professionnelles ou familiales mais très succinctement sur le drame que chacun a vécu.
Qu’est-ce qu’on est venu faire ici ?
Le lendemain, nos deux animatrices spécialisées nous engagent dans un tour de table et présentent les objectifs du stage.
Une explication de texte sur le deuil nous est présentée.
« Faire le deuil » est une réaction qui s'accompagne de sentiments et de pensées éprouvées suite à la perte de quelqu'un ou de quelque chose. C'est en effet un processus actif dans lequel la personne se met en action pour se délivrer de sa tristesse, peine, souffrance, incompréhension . . . qu'implique la perte. »
Les travaux engagés sont toujours collectifs sauf demande personnelle spécifique. De plus en plus, nous nous livrons aux autres. Nous acceptons de parler d'une grande partie de ce que nous ne pouvions dire auparavant. Cela a été, pour moi, et la majorité des membres du groupe, un déclic providentiel du désir de vivre ce moment particulier en groupe. Plus le temps avançait, plus nous étions soudés, solidaires, plus nous nous sommes engagés auprès de stagiaires rencontrant plus de difficultés que nous. Le mercredi soir, enfin, nous avons souri, puis nous avons même ri aux éclats en réaction à l'ambiance trop lourde du début du stage. Cela faisait bien longtemps que cela ne m'était pas arrivé !.
Déjà vendredi soir, le temps nous est paru trop court avec cette belle ambiance entre nous, cette recherche de cohésion, de solidarité puisque nous avions tous connu la souffrance du deuil. Nos animateurs nous ont apporté tout au long du stage les éléments techniques - voir infra(1) - permettant de mieux comprendre notre situation et réussir à vaincre ses émotions par cette thérapie de groupe.
Notre stage s’est terminé par l’organisation de sketches sur le thème que nous avons choisi: le regard de l’autre.
Le regard de l’autre.
Depuis ce stage, on se retrouve, régulièrement (2 jours) au cours de l’année, à notre initiative avec 7 autres stagiaires et avec toujours comme objectif le regard de l’autre. On n’est plus seul, même si je suis très bien entourée par mes filles. Nous avons tous vécu la même situation et avons tous été dans la même galère. Des liens forts se sont créés. On peut se téléphoner n’importe quand mais toujours quand on en éprouve le besoin.
Concernant les modestes conseils que je pourrais donner aux adhérents d’INITIATIV’Retraite AISNE, d’abord,
- ne pas s’isoler,
- ne pas hésiter à faire le premier pas chez un voisin ou chez un ami.
- prendre le temps de faire son deuil mais aussitôt que cela va un peu mieux tout faire pour s’extraire de cette situation qui vous entraîne dans un non-contrôle de soi.
- bien évidemment, je recommande de participer à ce stage organisé par AGRICA qui a été capital pour moi. (Seuls les frais de déplacement sont à la charge du stagiaire !)
- j'ai retrouvé quelques ouvrages qui peuvent éclairer le chemin à emprunter dans de telles situations. - voir infra (2) -
- il faut sortir de chez soi, faire des activités physiques ou autres .
- faire de la relaxation a été très utile pour moi.
Bref, tout faire pour changer le regard de l’autre !
Ndlr : Un grand merci à Sylvie d’avoir osé témoigner en toute simplicité de son éprouvante expérience.
Propos recueillis par Jean-Luc MARTIN
(3) Stages
Agrica : 4 jours (du lundi soir au vendredi soir). Tarif : Seuls les frais de déplacement sont à la charge du stagiaire !
Si vous souhaitez y participer, quel que soit votre lieu de résidence, n’hésitez pas à contacter Madame Christine Tavernier au 01 71 21 62 94.
Accompagner le deuil : 3 fois 3 jours Tarif (voir dans plaquette ci-jointe)
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pour découvrir ce stage
les 7 étapes pour se reconstruire
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